Un antécédent de prééclampsie pèse lourd sur l'évolution de la grossesse suivante
La prééclampsie, qui contribue de façon majeure à la morbidité et à la mortalité maternelles et foetales, récidive à la seconde grossesse dans environ 15 % des cas, et plus souvent encore lorsqu'elle survient avant le terme. Mais cette récidive n'est pas la seule complication menaçant la deuxième grossesse lorsqu'il y a eu prééclampsie à la première. C'est ce qui ressort d'une vaste étude suédoise qui a évalué le risque de complications (hors pré éclampsie) à la deuxième grossesse, après une première grossesse avec prééclampsie.
L'étude en question, qui s'est appuyée sur les données du Swedish Medical Birth Register, contenant les informations intéressant plus de 99 % de toutes les naissances en Suède, a porté sur 354 676 femmes ayant eu une première, puis une deuxième grossesse, toutes deux non multiples, entre 1992 et 2006. Ces femmes étaient indemnes de pathologies chroniques (n'avaient notamment ni HTA chronique, ni diabète avant ces grossesses, ni encore néphropathie chronique, ni lupus systémique) et avaient eu une prééclampsie à la première grossesse mais pas à la deuxième.
Les auteurs ont analysé, selon l'âge gestationnel de survenue de la prééclampsie à la première grossesse, avant terme (avant 37 semaines) et à terme (à 37 semaines et au-delà), le risque, à la deuxième grossesse, de mort foetale à 28 semaines et plus d'âge gestationnel, d'hématome rétroplacentaire, de naissance prématurée spontanée, et d'enfant petit pour l'âge gestationnel. Les facteurs confondants potentiels associés à ces pathologies (dont l'âge maternel, l'indice de masse corporelle en début de grossesse, le statut marital et les habitudes tabagiques à la deuxième grossesse, le niveau d'éducation de la mère, son pays de naissance, l'intervalle séparant les grossesses, l'année de la deuxième naissance) ont été pris en compte.
Les résultats montrent un risque accru, à la deuxième grossesse, sans prééclampsie, de toutes ces complications, chez les femmes ayant eu une prééclampsie avant terme à la première grossesse, en comparaison des femmes n'ayant pas eu de prééclampsie à la première grossesse.
Les odds ratios, OR, pour le risque de mort foetale à 28 semaines et au-delà, étaient de 1,24 (0,82-1,89) lorsque la prééclampsie à la première grossesse était survenue à terme, et de 2,08 (1,03-4,19) lorsque la prééclampsie était survenue avant terme.
Les OR pour le risque d'hématome rétroplacentaire étaient de 1,27 ((0,88-1,83) en cas de prééclampsie à terme à première grossesse et de 2,34 (1,32-4,15) en cas de prééclampsie avant terme.
Les OR pour le risque de naissance prématurée spontanée ont été déterminés selon la prématurité. Pour le risque de naissance avant 32 semaines, ils étaient de 1,03 (0,63-1,67) lorsque la prééclampsie était survenue à terme à la première grossesse et de 2,22 (1,10-4,48) lorsqu'elle était survenue avant terme ; les chiffres correspondants pour le risque de naissance prématurée spontanée entre 32 et 36 semaines étaient respectivement de 1,00 (0,86-1,17) et 2,56 (2,06-3,18).
Les OR étaient élevés pour le risque de donner naissance à un enfant trop petit pour l'âge gestationnel avant 37 semaines [2,25 (1,46-3,46) lorsque la prééclampsie était survenue à terme à la première grossesse et 11,22 (7,45-16,92) lorsqu'elle était survenue avant terme], et à 37 semaines et plus [OR de 1,53 (1,24-1,87) et 3,32 (2,48-4,45), respectivement, selon l'âge gestationnel à la prééclampsie de la première grossesse].
Cette étude est, selon ses auteurs, la première à examiner en population générale les conséquences d'un antécédent de prééclampsie lors d'une première grossesse, sur la grossesse suivante. Elle associe, en cas d'antécédent de prééclampsie avant 37 semaines à la première grossesse, un risque plus que doublé d'enfant mort-né, d'hématome rétroplacentaire et de retard de croissance intra-utérin à la deuxième grossesse, et ce en l'absence de récidive de la prééclampsie.
Pour A K Wikström et coll ces données doivent orienter la surveillance de la grossesse chez les femmes ayant présenté auparavant une prééclampsie.
@Jim.fr